Epreuves
Après les funérailles, accompagnées des regrets éternels prononcés comme il se doit sur la toute petite tombe et la petite croix, tout le monde retourna à la maison pour se réunir au salon.
Greer et Cameron n’avaient plus leurs armes. Ils les avaient remises dans la longue valise étroite, posée de nouveau à côté du porte-parapluies en forme de patte d’éléphant. Ils ne portaient d’armes que lorsqu’ils devaient s’en servir.
Cameron remit du charbon dans le feu.
Les demoiselles Hawkline étaient assises côte à côté sur un sofa. Greer était assis en face d’elles dans un grand fauteuil dont les bras représentaient deux têtes d’ours.
Cameron était debout devant le feu qu’il venait de recharger. Il faisait face à la pièce et aux regards troublés de ses contemporains. Il regardait une table sur laquelle se trouvaient plusieurs carafes de liqueurs en cristal taillé, et des verres de cristal à long pied posés sur un plateau d’argent.
— Un petit rafraîchissement ne nous ferait pas de mal, dit-il.
Miss Hawkline se leva du sofa, et elle alla verser des verres de xérès, qu’ils se mirent à boire à petites gorgées.
Elle retourna s’asseoir sur le sofa à côté de sa sœur. Tout était redevenu exactement comme avant la suggestion de Cameron, mais cette fois ils avaient chacun un verre à la main.
Ils venaient de vivre un petit ballet à la chorégraphie délicate, comme si l’on avait tiré plusieurs épreuves de la même photographie et que sur l’une de ces épreuves figuraient en plus des verres de xérès.